NOTES
Le comte d'Essex fut d'abord le favori de la reine. « Il en usoit si familièrement avec Elizabeth, que, sous prétexte d'indisposition, il eut l'insolence d'entrer chez elle en robe de chambre. Elle lui donna le gant de sa main droite pour le porter à son chapeau. Ce qui sembloit justifier le goût d'Elizabeth pour son favori, c'est qu'il étoit aussi brillant par son courage que par sa bonne mine. Il demanda la permission d'aller conquérir à ses dépens un canton de l'Irlande, et se signala souvent comme volontaire. Il fit revivre l'ancien esprit de la chevalerie, portant toujours à son bonnet un gant de la reine Elizabeth. Cette princesse le fit grand-maître de l'artillerie, lui donna l'ordre de la Jarretière, et enfin le mit de son conseil privé. Il eut quelque temps le premier crédit; mais il ne fit jamais rien de mémorable. En 1599, il alla en Irlande contre les rebelles, à la tête d'une armée de plus de 20 mille hommes, et il la laissa dépérir. La reine, qui avoit encore pour lui quelques bontés, se contenta de lui ôter sa place au conseil, de suspendre l'exercice de ses autres dignités, et de lui défendre la cour. » Essex s'en aigrit, complote puis agit à force ouverte contre la reine et est exécuté. (Dictionnaire de Chaudon et Delandine, article ESSEX.)
Les Deux Gentilshommes de Vérone, publiée en 1623, aurait été jouée en 1595 selon une première estimation de Malone, en 1591 selon une seconde, rapporte François-Victor dans la notice de cette pièce (t. VIII Les Amis, p. 398). Un roman pastoral espagnol aurait inspiré certaines scènes. Traduit en 1598 [de là peut-être la datation de Hugo] il avait cependant été adapté pour la scène dans la comédie The historie of Felix and Philomena, « représentée en 1584, à Greenwich, devant la reine Elisabeth » et cet intermédiaire autorise l'une ou l'autre des dates de Malone.
En datant Le Roi Jean de 1598 Hugo ne tient pas compte d'un Roi Jean publié anonyme en 1591, dans lequel, au terme d'une longue analyse, François-Victor Hugo reconnaît une première version du drame de Shakespeare. (t. III Les Tyrans, p. 454.) Hugo s'est-il contenté de lire les premières lignes de la note de son fils? celui-ci n'avait-il pas encore pris connaissance de la pièce imprimée en 1591?
C'est en 1597 que Peines d'amour perdues est joué devant la reine. Après Malone, François-Victor Hugo estime qu'une première version a dû être écrite vers 1594 (t. VI Les Comédies de l'amour, p. 489).
La Comédie des erreurs -on ne sait pourquoi Hugo écrit Comédie d'erreurs- n'est datable, selon François-Victor Hugo (tome XIV Les Farces, p. 46 et suiv.), que par des critères formels. Il accepte la date de 1591 proposée par Malone.
Après Coleridge, François-Victor Hugo estime probable que Tout est bien qui finit bien, publiée en 1623, fut d'abord jouée sous le titre Peines d'amour gagnées, attesté par Meres avant 1598 (t. VI Les Comédies de l'amour, p. 485-486).
Dans les deux chronologies des folios 16 et 17v° du manuscrit, Le Songe d'une nuit d'été est placé en 1598. Les notes de François-Victor Hugo à sa traduction (ouvrage cité, p. 284 et 302) indiquent 1600 pour sa première publication et signalent une datation par Malone de la première représentation en 1594.
Le Marchand de Venise, qui donne à François-Victor Hugo, dans son Introduction, l'occasion d'une analyse historique du destin du peuple juif et d'un développement disculpant Shakespeare d'antisémitisme, mais non Marlowe, est enregistré pour impression en 1598; mais les registres du chef de troupe Henslowe mentionnent la représentation en 1594 d'une Comédie vénitienne qui pourrait être Le Marchand de Venise. (F.-V. Hugo, t. VIII Les Amis, p. 401-402.)
La datation de toutes ces pièces de la seule années 1598, que Hugo trouve lui-même « d'une fécondité excessive », est justifiée au sous-chapitre suivant, mais résulte d'une lecture trop hâtive du document invoqué - voir la note à « Peines d'amour gagnées ».